Revue 95, septembre 2016. Interview par Jean-Baptiste Drain.

JBD : Qui t’as inoculé le virus de la chasse
CS : Mon père chassait le petit gibier, plus particulièrement le lapin et le lièvre avec un équipage de fauves de Bretagne, j’ai donc grandi avec des chiens de chasse à la maison et c’est donc tout naturellement qu’à partir de l’âge de 12 – 13 ans j’ai commencé à le suivre et partager cette passion. C’est avant tout l’amour des chiens et de la nature qui m’a amené a passer mon permis de chasse et depuis 1993 date de ma première saison cette passion ne m’a pas quitté.
JBD : et celui du setter anglais
CS : Dès mes premières années de chasse, je croisais de temps en temps un bécassier qui possédait 2 superbes setters anglais, un blue et un tricolore clair, l’élégance et la prestance de ces deux chiens ont été une révélation et je me suis juré qu’un jour je possèderai un sujet de cette race.
J’y est mis le temps mais il y a dix ans Bleuet du Rec d’Agoût (Fille de Ul de la Mazzora X Taquine du Rec d’Agoût) est venu concrétiser ce souhait, cette bluebelton prise chez Jean Luc Vigué est à la base du très modeste élevage que j’ai créé avec l’affixe de la Patte Galine.
JBD : Ton parcours vers la compétition
Mon parcours est récent, j’ai fait saillir Bleuet par Vilno du Champs Bocquillon, j’ai gardé un mâle Emir, qui a été finaliste de la CFN et que j’ai fait présenter un peu en GT, il a eu le titre de trialer. Bleuet ayant dû être stérilisée après un piomètre, je décidai d’acquérir une autre femelle et c’est ainsi que je suis allée chercher Flamme de la Petite Vareize chez Cyril Fassion, cette dernière présentant de belles qualités de chasse et de style je l’ai donc confié à Guillaume Lambel en GT et Printemps. Guillaume l’a faite championne de GT en une saison et 12 concours au CACIT et un CACT de printemps dès sa première année. Un accident en Andalousie la prive de sa deuxième saison et l’an dernier les chaleurs ont largement impacté les résultats que l’on escomptait. D’un comme un accord avec Guillaume nous l’avons faite saillir par Itot des Terres de Lude et nous avons gardé une femelle Leffe de la Patte Galine qui j’espère pourra prendre la relève de
sa mère.
JBD : Les personnalités qui ont jalonné ce parcours
Le premier est sans aucun doute Jean-Luc Vigué chez qui j’ai pris Bleuet, qui possède sa lignée de setter depuis plus de 30 ans avec son premier setter Né des Bressans qu’il a fait trialer et CH IB, il m’a vraiment expliqué ce qu’est et doit être un setter anglais, les lignées et courant de sang et la grande quête, discipline reine chez les britanniques. J’ai confié Emir à Jean-Marie Grenier, qui suite à des problèmes de santé dû malheureusement arrêter, Guillaume Lambel qui a dressé et présenté Flamme, il a toute ma confiance, et nous travaillons en étroite collaboration tant sur les choix d’étalons en matière d’élevage, que la sélection des jeunes en vue d’une possible carrière en compétition. Guillaume porte des valeurs de droiture, d’honnêteté et de respect de l’animal auquel j’attache beaucoup d’importance, je crois qu’on peut le souligner là où dans ce milieu certains agissements laissent parfois pantois, et enfin Sébastien Guillemont, ami qui est toujours présent pour m’apporter aide et conseils quand j’ai besoin.
JBD : Pourquoi cette fidélité à la race
Le setter anglais rassemble à lui seul l’ensemble des qualités que j’ai pu trouver dans les autres chiens de chasse de différentes races. Il aime la chasse par-dessus tout, c’est un sportif invétéré capable d’appréhender n’importe quel gibier naturel sur tous les types de terrains. Ce côté félin et reptilien que nul autre possède lui confère une élégance et une majestuosité dans l’approche du gibier convoité qui me font vibrer. Je crois aussi que malgré son petit côté têtu, sa sensibilité et sa douceur révèlent un caractère somme toute assez féminin dans son ensemble qui me semble être un atout majeur pour chasser avec une Diane !!!
JBD : Ton type de chasse
Je chasse en début de saison sur la commune où je réside la perdrix rouge et le faisan, je me suis impliquée au sein du bureau de la société de chasse et nous faisons beaucoup d’effort sur l’aménagement du territoire et la gestion du gibier. Nous avons encore la chance d’avoir une population de perdrix rouges sauvages qui permet de mettre régulièrement les chiens en présence et des faisans reproducteurs nous offrent de jolies compagnies d’oiseaux plus difficiles
à négocier que les « cocottes » lachées la veille. Puis vient le temps de la bécasse seule ou avec des amis, j’ai la chance de pouvoir partager des moments de chasse avec des gens merveilleux didier, andré, jacques, jean luc, jean marie et j’en oublie. Ils me pardonneront, et des chiens extraordinaires, EPO, Gadget, Fifi, Etoile, Farah sans oublier mes merveilleux compagnons.
JBD : Tu chasses avec tes chiens de field
Bien sûr, je chasse avec mes chiens de field, un chien de field est avant tout un chien de chasse. Certes je reconnais qu’il est parfois un peu plus difficile à conduire suivant le biotope mais je m’adapte aussi en fonction de qui je sors. Emir et Flamme ont une quête plus rapide et plus ample nécessitant un terrain qui ne soit pas trop prêt des routes ce qui par chez moi n’est pas toujours évident, du moins en plaine et demande de la vigilance. Au bois ils ont quartier libre, ils obéissent très bien et sont de merveilleux compagnons de chasse, c’est un pur bonheur de partager ces moments de complicité avec eux.
JBD : Tes projets d’élevage et tes satisfactions
Mon élevage étant récent j’ai peu de recul mais Emir premier produit que j’ai gardé est un chien très calme et équilibré, passionné de chasse avec un beau gabarit, bien contruit et des soies. Leffe est un espoir pour la compétition , le chemin est très long elle n’a que onze mois mais elle montre de très belles choses, Flamme lui a transmis des qualités naturelles que j’espère conserver dans mon petit élevage, je produis très peu, avant tout pour moi, il est donc très difficile de sortir des lapins du chapeau à chaque fois. Depuis peu, une nouvelle demoiselle est arrivée Manou des Collines de l’Izars ( fille de Cham du Val du Ruth X Ester de Kerfeuil) qui du haut de ses 4 mois ½ montre déjà une belle morphologie avec une jolie tête et un caractère bien marqué, je vais donc également m’appuyer sur ces critères pour essayer de tendre au maximum vers le bon et le beau, c’est un travail de longue haleine, ardu, mais tellement passionnant alors je vais aller de l’avant dans mes passions même si comme le disait Chauvot de Beauchêne « Agir dans la passion c’est hisser la grande voile pendant la tempête «.

Elevage de la Patte Galine