Revue 109, 2è semestre 2023. Un article de Jean-Marc Alary
La Serbie et ses perdreaux depuis que j’en entends parler en bien comme en mal, j’avais vraiment l’envie d’aller y juger pour me faire une idée par moi-même.
L’occasion s’est présentée en ce printemps 2023, d’aller juger une semaine ces fameux concours serbes et bien évidemment j’ai accepté.
Me voilà donc à l’aéroport de Belgrade, attendu à la sortie par un taxi qui m’emmène directement à l’hôtel des juges. Le soir au restaurant, retrouvailles avec les juges français du CSA, madame la Présidente en tête. Tout va bien après un petit briefing pour le lendemain. Le stress retombe et je suis fin prêt pour découvrir ces fameux Fields serbes.
J’ai jugé toute la semaine en grande quête à l’aile, ce qui m’a tout à fait convenu car j’ai pu voir de grands champions qui m’intéressent. J’ai d’abord vu une organisation efficace avec un secrétariat qui avait tout préparé la veille : les batteries avec leurs juges, leurs terrains et leurs guides.
J’ai ensuite découvert les terrains, des territoires très morcelés avec une agriculture des années 60 faite de petites parcelles avec une
alternance de cultures très favorables aux perdreaux. J’en ai vu énormément certains jours et beaucoup moins le lendemain ! Ce qui m’a le plus surpris et déstabilisé au début, c’est le vent. En effet, dans cette plaine entourée de montagnes, on a parfois le vent dans un sens en début de parcours et il change de direction au fur et à mesure que l’on avance. Parfois il se pose littéralement et le concours s’arrête. Parfois, il change complètement de direction en 5 minutes et l’on se retrouve avec le vent dans le dos.
Autre surprise, c’est le comportement des oiseaux. C’est souvent ce que l’on qualifierait en France des « oiseaux soupières ». En effet, les perdreaux décollent souvent très proches des chiens, sûrement parce qu’ils ne sont pas chassés. J’ai vu beaucoup de points pris par des chiens qui chassent mais aussi des points de rencontre. La mise en place quand le vent le permet est primordiale vu la densité de perdreaux. Le chien qui effectue des trajectoires a beaucoup de chance d’en rencontrer et d’en oublier le moins possible. Les tapes ne sont pas rares et les points de rencontre aussi. C’est bien à mon avis la limite de ces concours. Des chiens à la mise en place parfaite, aux allures magnifiques, peuvent se classer à très haut niveau avec des points sur des perdreaux rencontrés sur leur trajectoire, leur qualité de chasseur n’étant pas évidente.
J’ai vu des chiens des écuries italiennes que l’on ne voit plus en France. Ils ont, c’est vrai, beaucoup de chiens aux allures remarquables
(setters et pointers). Nous avons en France quelques chiens qui peuvent rivaliser mais le nombre de chiens de qualité au niveau des allures est impressionnant chez les italiens.
J’ai vu quelques écuries françaises avec des chiens de grande qualité et très souvent des chiens chasseurs qui sont moins académiques
dans leurs mises en place mais qui puent la chasse et qui gagnent. Bravo à eux car la concurrence est rude.
Les juges italiens ou serbes avec qui j’ai eu à officier, étaient peu enclins à attribuer des TB. Le chien à peu près dans la note avec 1 point était classé à l’excellent. Par contre l’accès au CACT et à l’une des deux RACT étaient réservés à des parcours de haut niveau sans la moindre bricole à reprocher, tant au niveau des allures que de la mise en place et du point.
Pour le chasseur que je suis avant tout, certains chiens qui ont eu accès aux plus hautes récompenses m’ont laissé perplexe et d’autres m’ont vraiment enthousiasmé.
En conclusion, ne pas tenir compte de ces résultats pour le choix des reproducteurs serait une erreur, mais se baser uniquement sur eux serait à mon sens une erreur bien plus grande encore.
Jean-Marc Alary