Revue 110, 1er semestre 2023. Un article de Dominique Lebrun, juge et membre de la Cunca.

L. M. Quel est le but des TAN ?
Dominique Lebrun, juge SCC . Le règlement précise que les TAN ont été mis en place dans le but de promouvoir, à l’intérieur de l’élevage français, les sujets qui réunissent les qualités de chasseur que tout chien d’arrêt devrait posséder au minimum.
L. M. Le dressage rentre-t-il en ligne de compte sur l’appréciation finale ?
D. L. Ces épreuves, qui sont la « maternelle » du chien de chasse, ont pour seul objet de tester les aptitudes à la chasse, et non le degré de dressage. J’aurai l’occasion de m’expliquer davantage à ce sujet, sur un point précis du règlement qui ne répond pas à ce critère.
L. M. Existe-t-il une limite d’âge pour participer ?
D. L. Le règlement actuel précise que ces tests sont ouverts aux chiens âgés de 6 mois à 36 mois. Personnellement, je trouve que la fourchette est bien trop large ! Je voudrais que l’on m’explique comment un chien de 36 mois, qui a déjà certainement reçu une éducation de la part de ses propriétaires, voire un débourrage ou un dressage, rentre dans le cadre des aptitudes naturelles. Il me semblerait judicieux de limiter la participation aux TAN à des chiens âgés de 6 à 24 mois, voire 30 mois, en sachant que les clubs de race sont toujours susceptibles d’accorder des dérogations exceptionnelles selon certains critères.
L. M. Par qui sont jugés les chiens ?
D. L. Ils ne sont pas jugés, mais examinés. Le TAN n’est pas un concours, mais un examen des qualités naturelles où un classement
hiérarchique ne doit pas être appliqué. Les examinateurs sont soit des juges qualifiés de field trial, soit des adhérents du club possédant une bonne connaissance de la race et, ce qui n’est pas prévu dans le règlement, une bonne dose de pédagogie. En effet, pour beaucoup de nouveaux concurrents, les TAN sont le premier contact avec la cynophilie et le club de race. Ils représentent le vivier de demain et méritent toute l’attention des examinateurs.
Bien entendu, il n’est pas question de « brader » l’attribution des TAN, mais d’avoir le sens du chien et un soupçon de psychologie humaine, pour expliquer de manière positive les éventuels échecs et la manière d’y remédier.
L. M. En cas d’échec, les chiens ont-ils une seconde chance ?
D. L. Le règlement précise que le chien doit être obligatoirement repris pour être mis en présence de gibier. Si le nombre d’examinés le
permet, il n’est pas interdit de donner une seconde chance même à un chien ayant été mis en présence une fois, conformément à l’état
d’esprit que j’ai développé précédemment !
Un chien ayant échoué peut repasser son TAN, dans la limite d’âge prévue au règlement.
L. M. Sur quels critères cette épreuve est-elle appréciée ?
D. L. Le comportement du chien est apprécié selon trois critères.

  1. L’instinct de la recherche. L’examinateur jugera l’ardeur et la passion du sujet dans la recherche du gibier, sans trop attacher
    d’importance à la méthode.

2. L’instinct de l’arrêt, la localisation du gibier : bien que des étapes soient admises, il sera indispensable qu’une pièce de gibier à plumes soit arrêtée pendant le parcours. Un arrêt hors la vue du gibier sera exigé. Les fautes de dressage, sauf la mise à l’envol
(chien qui bourre), seront sans effet sur l’appréciation finale. Et c’est là que le bât blesse ! Cette dernière phrase est une hérésie réglementaire. En effet, si arrêter relève de l’inné, « tenir » l’arrêt relève de l’acquis, cela se travaille à l’entraînement, et ne peut donc pas, dans ce cas de figure, faire partie des aptitudes naturelles. Il est dommage que certains examinateurs appliquent cette règle à la lettre. Elle n’a pas lieu d’exister ! C’est pourquoi, étant membre de la Commission d’utilisation nationale des chiens d’arrêt (Cunca), je me propose de tâcher de la faire évoluer dans un futur proche. Un arrêt, même bref, suivi d’une mise à l’envol, doit permettre l’attribution du TAN, car ne
pas mettre à l’envol est du dressage. Tout jeune chien qui poursuit par atavisme un gibier arrêté ne fait que remplir son statut de prédateur…

3. L’équilibre. D’une manière générale, l’examinateur devra s’assurer
de l’équilibre du chien sur l’ensemble de son parcours.
Plus particulièrement, il est indispensable qu’il ne manifeste
aucune réaction craintive à l’occasion du coup de feu. Au
départ du gibier, un ou plusieurs coups de feu seront tirés
(pistolet d’alarme de fort calibre ou fusil de chasse), et toute
manifestation de peur conduira l’examinateur à considérer
que ce troisième test n’a pas été réussi.
L. M. Avez-vous quelque chose à ajouter ?
D. L. Je déplore que le but initial des TAN (aptitudes naturelles) soit souvent court-circuité par une éventuelle qualification pour une finale – et ce, quelle que soit son appellation. C’est ainsi que l’on voit des chiens de 12 à 18 mois arriver à cet examen en étant parfaitement sages à l’envol et au feu, ce qui est une hérésie pour leur avenir !
Je suis toujours, également, très surpris de voir des remises de coupes dignes du championnat du monde récompenser les récipiendaires
de cet examen. Cela contribue à semer le trouble dans l’esprit des concurrents, qui pensent posséder, souvent à tort, la huitième merveille du monde ! La remise d’un simple diplôme me paraît largement suffisante ! Après, il appartient aux différents clubs de race d’en fixer les détails…

L’instinct de l’arrêt, la localisation du gibier : bien que des étapes
soient admises, il sera indispensable qu’une pièce de gibier à
plumes soit arrêtée pendant le parcours. Un arrêt hors la vue du
gibier sera exigé. Les fautes de dressage, sauf la mise à l’envol
(chien qui bourre), seront sans effet sur l’appréciation finale. Et
c’est là que le bât blesse ! Cette dernière phrase est une hérésie
réglementaire. En effet, si arrêter relève de l’inné, « tenir »
l’arrêt relève de l’acquis, cela se travaille à l’entraînement, et
ne peut donc pas, dans ce cas de figure, faire partie des aptitudes
naturelles. Il est dommage que certains examinateurs
appliquent cette règle à la lettre. Elle n’a pas lieu d’exister ! C’est
pourquoi, étant membre de la Commission d’utilisation nationale
des chiens d’arrêt (Cunca), je me propose de tâcher de la
faire évoluer dans un futur proche. Un arrêt, même bref, suivi
d’une mise à l’envol, doit permettre l’attribution du TAN, car ne
pas mettre à l’envol est du dressage. Tout jeune chien qui poursuit
par atavisme un gibier arrêté ne fait que remplir son statut
de prédateur…