Revue 103, décembre 2020. Un artilcle de Bruno Maury.

Dans les années 80 du siècle dernier, le Pointer Club espagnol, présidé à l’époque par Ricardo Manso, « El Capitan », commença à organiser deux ou trois jours de concours dans la zone d’Ecija, entre Séville et Cordoue.
Cette partie de l’Andalousie, entre Cordoue et Cadix, s’étend à l’ouest jusqu’à l’océan Atlantique et à l’Est jusqu’à « las sierras Beticas », cordillère montagneuse qui culmine avec la Sierra Nevada dans la province de Grenade. Ce territoire, qui correspondant à la vallée du Guadalquivir, est le grenier de l’Espagne et le premier producteur national de blé dur. Ce sont ces blés que les perdrix rouges affectionnent. Ces blés, immenses, souvent légèrement
vallonnés, avaient, depuis longtemps, attiré l’attention de quelques dresseurs espagnol et français dans les années 70. Les propriétés, les « Fincas », sont souvent immenses, 1000, 2 ou 3, sinon plus, milliers d’hectares, selon un système latifundiaire que les réformes agraires n’ont jamais atteint. Les perdrix rouges y abondent, ou plutôt, abondaient en ces temps-là. Le succès de ces épreuves qui attirèrent les dresseurs et amateurs espagnols et déjà quelques italiens, poussa les organisateurs à chercher d’autres terrains. Ainsi, les fincas de Jerez commencèrent à servir de cadre aux concours. Le climat plus doux, car plus océanique et la quantité extraordinaire d’oiseaux firent l’énorme succès de ces épreuves. Les fincas, propriétés de riches éleveurs de chevaux ou de toros, souvent aussi propriétaires de ces « bodegas » de Jerez au nom prestigieux, Domecq, Bohorquez, Osborne etc., de Jerez ou El Puerto de Santa Maria font souvent plus d’un millier d’hectares et sont généralement un peu vallonnées, ce qui ajouté aux quelques pins parasols qui mouchettent les blés, donne au paysage un charme infini. Les blés verts, le ciel souvent d’un bleu très pur et les « cortijos » d’un blanc éclatant donnent l’impression de faire partie d’une
carte postale expédiée d’un endroit de rêve. Je parle des bonnes années car on peut aussi avoir en janvier et février un déluge qui remplit de boue les chemins en empêche d’entrer dans les blés. Parallèlement, le Setter Club de España a organisé, avant et maintenant après, les concours de Jerez, 2 puis 3 et ces dernières années 5 jours de concours à Marchena, un peu au nord de Séville. Les terrains sont magnifiques, parfaits pour la Grande Quête et riches aussi en oiseaux. Tant à Jerez qu’a Marchena, il n’est pas rare de classer une dizaine de chiens par concours. Il faut dire que le niveau est souvent très relevé, en particulier en Grande Quête. Les années ou s’y déroulent la Coupe d’Europe et les Championnats de race, on a facilement 7 ou 8 concours de Grande Quête et presqu’autant de Quête de Chasse. Les meilleures équipes d’Europe s’y mesurent. Pour les français, l’Andalousie est une destination qui n’est pas trop lointaine, sûre, où le logement est facile et bon marché. Le temps, souvent clément, permet d’entraîner dès le 10 janvier.
Malheureusement, les dresseurs français, qui entraînent en majorité à Jerez y font aussi les concours puisque les fincas où ils entraînent sont réquisitionnées pour ceux-ci et délaissent, à Marchena, ceux du Setter Anglais, même si leur camion en est rempli. C’est dommage pour nos amis settermen
espagnols et pour eux aussi, qui se privent de profiter de terrains parmi les plus beaux d’Europe.