Revue 110, 1er semestre 2024. Un article de Laurent Veyssière.

L’utilité de tels concours
Tout d’abord, n’oublions pas que nos compétitions, en dehors de leur aspect sportif, sont avant tout des épreuves de sélection des meilleurs géniteurs, afin de pérenniser les qualités propres à chacune des races – des races du 7e groupe, donc de chiens d’arrêt, et donc de chiens de chasse. La chasse. Voilà tout notre intérêt, sélectionner dans le but de pouvoir utiliser à LA CHASSE.
Apporter dans la reproduction de ces races, par le biais de géniteurs sélectionnés, des chiens aptes à chasser. Aptes à chasser facilement, rapidement, pour satisfaire le chasseur néophyte tout en restant dans le descriptif des qualités intrinsèques. Et quoi de plus concluant pour sélectionner sur des réelles qualités de chasse que des épreuves proches de la chasse, ou tout au moins des épreuves avec de vraies actions de chasse ?
C’est exactement ce que l’on retrouve dans les compétitions d’automne. La sélection sur les exercices d’automne est la seule discipline, parmi toutes celles proposées, qui permet au chien d’avoir un contact direct avec le gibier sur lequel il travaille, l’action complète d’un concours d’automne amène le chien à rapporter le gibier dans sa finalité.
L’existence d’une telle discipline est essentielle dans le panel de nos modes de sélection des chiens d’arrêt.
Pourquoi l’exercice des concours d’automne est complémentaire aux épreuves de printemps
L’action est aboutie sur le terrain et également dans la tête du chien, puisque la complexité de l’épreuve d’automne impose un travail poussé, avec une totale retenue lors de l’arrêt, premièrement, puis lors du coulé, un parfait self-control lors du tir et de la chute du gibier, et un rapport à l’ordre obligatoire. L’apprentissage de tout ceci, en amont de l’épreuve, « assoit » en quelque sorte le chien sur son dressage ; la retenue est approfondie avec un total respect au coulé, qu’il soit à vue ou au nez. L’oiseau est tiré, et cela bien souvent au nez et à la vue de l’examiné ; là encore, total contrôle demandé, puis finition de l’action par le rapport de la pièce de gibier, à chaud ou, le plus souvent maintenant, à froid, où, là encore, pour une parfaite exécution lors de l’épreuve, une technique et un apprentissage approfondis sont vivement à apporter. Toute cette discipline apporte un contenu essentiel à un cadrage abouti dans l’éducation. De retour sur des épreuves ayant comme support des oiseaux naturels, le chien est plus « mature » et « expérimenté » dans son approche du gibier : contrôle d’émanation et remontée plus précise, mais également application, grâce à la technique des exercices d’automne, plus de concentration sur les prises de points, et sur la sagesse à l’envol et au feu, grâce à l’attente exigée lors des épreuves d’automne.
Et, pour finir, en automne, après le point, quand l’oiseau a volé, qu’il a été tiré et prélevé, le chien doit encore se maîtriser et attendre avant d’aller au rapport de la pièce abattue.
Tout ceci complétera l’action du chien en printemps face à des oiseaux naturels, lui permettant d’être inébranlable dans les situations rencontrées.
Pour exemple, la plupart des grands champions de grande quête français sont passés par l’apprentissage des compétitions d’automne, avec d’excellents résultats (champions de travail dans la discipline et/ou vainqueurs de Coupe ou Open de France), pour mieux performer dans leur discipline de prédilection par la suite.
À mes yeux, un chien est réellement intéressant pour la sélection, pour la reproduction, pour transmettre, quand il a « brillé » dans ces deux disciplines phares de la sélection canine que sont :

  • Le printemps – l’efficacité face à des oiseaux naturels, le style
    exposé en terrain ouvert, la signature de la race ;
  • L’automne – la dressabilité, élément indissociable de l’équilibre en élevage, l’efficacité, critère non négligeable en matière d’exposition de qualités dans un but bien précis, et, enfin, la capacité à conserver un dressage poussé.

Souvent critiquées, les épreuves d’automne (il n’y a pas si longtemps appelées concours sur gibier tiré) sont, pourtant, bel et bien un outil essentiel dans la complémentarité de notre grille de sélection canine du 7e groupe. Cette « explication de texte », comme je l’appelle souvent, apporte des bases solides dans le travail à effectuer, permettant un exercice abouti et, ainsi, une totale exploitation du potentiel du chien utilisé.
J’en terminerai en disant que le printemps expose et démontre ; l’automne structure et façonne le potentiel du chien qui participe à ces épreuves. À mon sens, l’association des deux amène le chien à son apogée.


Laurent Veyssière