Revue 101, octobre 2019. Un article de Daniel Provost.

La Serbie est devenue depuis quelques années le lieu incontournable de la cynophilie internationale que ce soit en grande quête ou en quête de chasse en ce qui nous concerne mais également en continentaux.
Pour ou contre, ne sera pas mon propos, c’est seulement une réalité dont après 4 occasions d’y avoir participé je vous propose d’en relater l’organisation.
Pour ce qui est des résultats de nos chiens et conducteurs, je laisse le soin de leur parution dans cette revue.
Deux grandes périodes, le printemps en mars mais aussi en hiver comme cette dernière saison où après une semaine de continentaux, je m’y suis rendu du 19 au 27 novembre pour 7 jours britanniques organisées par l’ENCI avec le dernier jour une épreuve de jeunes et une de femelles, suivi de 2 jours organisés par la Serbie.
Une rotation de juges s’effectue après chaque série d’une semaine environ. Pour cette période comme toujours la majorité étaient italiens et serbes mais aussi nos amis Nikos FAITAS et Vasilis AVLONITIS pour la Grèce, Lorenzo URRA pour l’Espagne et Rafaël DIGIANO venu d’Argentine et 2 juges français Laurence Madiot et moi-même.

La clôture eut lieu la 1ère semaine de décembre par d’autres épreuves serbes et italiennes.
COMMENT SE DEROULENT CES EPREUVES ? La plus grande différence réside au fait que ces 2 ou 3 semaines se déroulent chaque jour sur les mêmes terrains, ce qui évidemment est impensable chez nous. La 2ème différence réside dans le nombre de participants : 7 séries de
grande quête et 5 ou 6 de quête de chasse. Très honnêtement l’inverse me semblerait plus logique…mais ceci est un autre débat.
L’ORGANISATION : Comme partout si rien n’est parfait, force est de reconnaître que vu le nombre de participants tout celà est mené avec une maitrise déconcertante. Dusko SORMAZ est bien sûr le « Capo ». Ici tous les problèmes semblent se résoudre rapidement, fermement mais toujours dans la bonne humeur. S’il s’en présentent, un ordre, un coup de fil et c’est réglé.

Et puis derrière il ya « Le » sécrétariat mené de main de maitre par Giuliano Baricci et sa dévouée et efficace sécrétaire Maya, en place depuis de nombreuses années. C’est elle qui gère également la mise à disposition des taxis quelque soit l’heure du jour ou de la nuit (notre heure d’arrivée était 23h20!) pour les départs et arrivées des juges depuis Belgrade situé à 240 kms. Le sympathique Renzo Spreghini délégué de l’ENCI apporte également une aide aussi efficace que
discrète lors des épreuves organisées par celle-ci.
Les CONCURRENTS : Pas de Gescon !!! Tout peut se faire la veille : engager, modifier, annuler tous les chiens que l’on veut….et sans verser le moindre argent !!!! A la fin de la semaine, on passe au sécrétariat, on fait le compte. Pas de chèques, pas de carte bancaire !! On pourrait donc partir sans payer ? Oui, mais il faut récupérer les carnets de travail et…je pense qu’on n’y reviendrait pas ! Amateurs, dresseurs tous sont à la même enseigne : on dépose ses carnets de travail en début de son séjour, tous doivent porter son nom sur la couverture et une simple élastique pour les relier ! Ils sont conservés au sécrétariat, la « Grande quête » d’un côté, la « Quête de chasse » de l’autre. On les reprend le dernier jour.
Les EPREUVES : Le premier jour : Tirage au sort des terrains, et des jurys. Les séries sont établies par le sécrétariat, les couples et ordre de passage déjà formés par logiciel informatique. Une liasse est remis au président de jury avec tous les passages des couples déjà formés. Il y note les commentaires de tous les parcours et le classement établi sur la première page de celle-ci avec sa signature et celle de son ou ses collègues.
Les autres juges, le guide et tous les concurrents ont la feuille du concours, leur ordre de passage et le côté désigné. Tous les conducteurs étant dans le même concours, l’ordre est respecté, d’autant que la quasi-totalité des conducteurs dispose d’un aide. A noter que nous sommes le seul pays à découpler le premier chien à gauche. Il faut le savoir. Le « je suis de quel côté ? » en arrivant, n’existe pas, les conducteurs savent de quel côté ils vont lâcher…..et savent arriver du côté opposé pour découpler. Nos meilleurs conducteurs français savent le faire aussi, mais il y a encore de la formation à faire pour d’autres ou pour les débutants.Un autre sujet qui pourrait faire l’objet d’un autre débat !
Une anecdote qui résume la performance de l’organisation : La première journée un de nos concurrents (6 chiens) était absent. Giuliano m’emmène au sécrétariat et en 5 mn tout le concours était refait, les couples reformés, une nouvelle liasse m’était remise et tous les concurrents avaient le nouveau programme rétabli entre les mains!
RESULTATS : Les résultats sont relatés sur le terrain, tous les concurrents sont présents, les rares exceptions viennent s’excuser au préalable, et les congratulations envers les gagnants sont d’une spontanéité à laquelle nous ne sommes pas habitués. Sur le terrain, comme partout, il arrive que l’on conteste, mais si l’on possède l’autorité, elle est respectée, et je n’ai jamais vu un concurrent refuser de féliciter les vainqueurs.
Les présidents de jury passent au sécrétariat remettre leurs résultats. Les concurrents peuvent passer engager, retirer, modifier tous les engagements qu’ils souhaitent.
Commence alors la lourde tâche de Maya qui doit retrouver, remplir et classer tous les carnets de travail dans les concours correspondants pour la signature des juges à la première heure le lendemain matin.
Il faut savoir que le sécrétariat se trouve dans un local à part interdit à toute personne n’ayant rien à y faire !
Pendant ce temps Giuliano, Dusko Sormaz et son bras droit « Priki » préparent les séries, les terrains, tous pourvus d’un accompagnateur, ainsi que les jurys de barrage choisis généralement parmi ceux n’ayant pas attribué de CAC pour le lendemain.
Et c’est bien souvent à la fin du repas du soir qu’arrivent toutes ces personnes qui viennent de passer plusieurs heures dans l’ombre pour une organisation prête et impeccable pour le lendemain.
LENDEMAIN MATIN : 8h30. Appel. Désignation des jurys et tirage au sort de l’ordre de passage des concurrents pour les barrages. Le terrain de barrage est assez éloigné. On saute dans le premer camion qui passe pour aller assister au « Spectacle ». Les concours où ni aucun juge ou concurrent n’est au barrage peuvent partir sur les terrains. Pour les autres il faut attendre la fin de ceux-ci et les points de rendez-vous sont généralement soit des stations services proches
ou au « Refren » le resto local.
Les TERRAINS : Là, dépaysement total, loin de nos grandes plaines : une succession de petites cultures, friches, labours mais aussi parfois de quelques plantations de pruniers ou cerisiers surtout sur les terrains de quête de chasse, heureusement de petite surface mais qui rendent la visibilité des chiens plus compliquée. A la demande à un accompagnateur la superficie de la plus grande parcelle sur l’un de nos concours : 2 ha !! La principale difficulté pour les chiens est de savoir enchainer et traverser tous ces biotopes différents pour réaliser à la fois une quête correcte et efficace et une prestation dans la note de la discipline, notamment pour la GQ.
Une autre difficulté spécifique, notamment au printemps est, généralement en fin de matinée, des vents tournants voire inexistants. Alors il arrive que l’on stoppe le concours 5, 10 mn…. ou alors les camions des dresseurs sortent le pique nique ! Copieux généralement !! Et lorsque les vents se sont refixés çà repart !

Le GIBIER : Perdrix grises généralement en présence abondante, parfois impressionnante, mais comme ailleurs quelques secteurs moins pourvus et selon les conditions climatiques plus ou moins visibles. Voir autant de couples au printemps, mais pour moi encore davantage, de compagnies, certaines de plusieurs dizaines d’oiseaux en hiver est absolument magnifique. Leur comportement est celui que les plus anciens d’entre nous ont pu connaître dans nos campagnes
de polyculture d’autrefois.
Si certains jours de mauvais temps certaines compagnies peuvent se dérober au loin, la plupart se laissent bloquer et ne volent qu’au coulé du chien. C’est encore plus vrai pour les couples, et prendre des points ne présente ici aucune difficulté majeure.
La chasse n’est autorisée que le dimanche, et celle de la perdrix interdite où la veille il est effectué des lâchers de faisans pour les chasseurs qui se sont implantés dans certains secteurs et occasionnent quelques rencontres qui ne facilitent pas forcément la tâche des chiens et dont certains « petits malins » essaient de nous faire justifier une pose d’arrêt à vide !!. La présence de lièvres est rare.
La VALEUR DES CLASSEMENTS : Je vais simplifier : Compte tenu de la présence et la relative facilité de prendre des points, se classer ne présente pas de difficultés majeures. Se classer à l’Excellent non plus, notamment en quête de chasse où nos collègues serbes sont peu enclins à distribuer des MB, et proposent plus volontiers des «petits » Ecc
Par contre gagner est une autre histoire, pour deux raisons : La première bien sûr est la qualité des prestations. En grande quête évidemmet tous les « Grands » sont là, mais en quête de chasse
aussi, le niveau est très élevé !
Les italiens, mais aussi les grecs, serbes, espagnols, et autres dont nos français sont présents et arrivent avec des sujets de grande qualité et bien préparés puisqu’ils entrainent pour la plupart sur place.
La deuxième raison est que dès que l’on parle de CAC, on pense au barrage du lendemain et là, on ne badine pas avec la qualité qui sera à la vue d’un très nombreux public de connaisseurs.
Pour moi, les barrages sont véritablement le « clou » des épreuves serbes. Voir 4, 5 ou 6 barragistes chaque jour dans chaque discipline et la qualité des prestations ne se voit nulle part ailleurs et m’interroge sur certains CACIT attribués chez nous notamment en dehors du « Printemps » ! Autre débat !!
Nos chiens français qui viennent s’y affronter méritent leurs classements et ceux qui ont réussi à y gagner le grand respect. Gagner un barrage ici n’est réservé qu’à de véritables « Champions Internationaux ».

Décembre 2018
Daniel PROVOST