Revue 107, septembre 2022. Interview par Hervé Brabant.

Guillaume Blot a commencé ses premiers concours en 2016 avec Michel Botrel. En 2017, première échelle des valeurs bécasse avec Idole de la Fougère Aigle et record du nombre de points sur la saison. En 2018, Julie de la Fougère Aigle termine 3ème de la Clochette d’Argent. 2019, deuxième échelle des valeurs et Clochette d’Argent avec Julie, avec un nouveau record des points sur la saison. 2020, année sans concours. 2021, troisième échelle des valeurs et deuxième Clochette d’Argent avec Logic. Et il fait 1 et 2 à la Clochette, et 1 et 2 à l’échelle des valeurs !

Guillaume Blot et Julie de la Fougère Aigle

Hervé Brabant : En tant qu’ancien sportif professionnel, tu as une approche particulière des entrainements et de la compétition. Qu’est ce tu peux nous dire de la préparation de tes chiens ?

Guillaume Blot : « D’un âne tu ne fais pas un cheval de course ». Si le chien n’a pas les capacités au-delà de la moyenne, il n’est pas nécessaire de se lancer dans un programme sportif.
J’accorde beaucoup d’importance à la préparation physique qui se passe sur du très long terme, comme dans le milieu du sport. Dans une équipe cycliste professionnelle, quand il y a 25 coureurs il y a 25 plans d’entrainements différents. Il faut s’adapter à chaque chien, en regardant les aspects physiologiques, les pics de forme, le métabolisme, la récupération, etc…

En plus, pour gagner à la bécasse, il n’y a que l’expérience pour que le chien atteigne son excellence. Et donc il faut qu’il prenne le plus de points possibles dans sa jeunesse.

Je me souviens qu’en 2017 tu avais commencé très fort avec Idole (au point d’avoir battu le record de points sur une saison), avant de plafonner et de voir Iole de Jean-Michel Mignot terminer en trombe et gagner la Clochette d’Argent. J’imagine que la gestion des quatre semaines du circuit est maintenant pour toi très importante.

Il s’agit de la gestion du pic de forme comme chez un sportif de haut niveau. La difficulté est que le chien ne parle pas ! La question est de savoir comment amener le chien au pic de forme et comment le maintenir sur les quatre semaines. Et aussi comment gérer la phase descendante si le chien commence à coincer. C’est le point le plus difficile de la saison : arriver à déterminer cette montée du pic de forme.

Si le chien n’est plus au top, il arrive au point après son concurrent et il est dominé, ou n’arrive plus à serrer les oiseaux comme il faut. C’est exactement ce qu’il s’était passé pour Idole. Mais on m’a toujours dit que c’est en faisant des erreurs qu’on apprend…rire

Si tu t’occupes de la partie compétition, il faut aussi s’occuper de la relève et mettre les jeunes sur le terrain. C’est là que pour toi le travail d’équipe prend son sens.

Michel Botrel a commencé à me donner des chiens « tout faits ». J’ai commencé par la conduite uniquement, j’ai ensuite géré les entrainements, puis maintenant je fais aussi le dressage. Actuellement Michel fait un premier tri sur les chiots, puis je les prends à la chasse et ils sortent beaucoup pour voir ce qu’ils ont dans le ventre… Une fois notre ou nos choix faits nous les confions à mon père qui chasse avec les jeunes et les retraités. Les jeunes pour lesquels j’ai de l’espoir, je les donne à mon père trois semaines. Papa, la seule chose qui lui importe, c’est l’efficacité sur l’oiseau. Les allures, le style il s’en fiche royalement. En tant que chasseur il va refuser des chiens qui m’avaient plu en style ou en prise de terrain mais qui ne lui convenaient pas à la chasse car ils ne trouvent pas assez d’oiseaux. Il sort les chiens sur des terrains que les chiens ne connaissent pas, en condition de chasse.

Pour l’anecdote, le premier chien qu’il a trouvé extraordinaire, ne la connaissant pas, a été Julie. Il avait bien vu ! Il appelait souvent Michel en lui disant la petite est extraordinaire, elle est toujours au point avant les vieux, je la garde pour chasser ….

 Avec Michel on rigolait car ça confirmait vraiment ce qu’on pensait d’elle. Depuis cette expérience on a toujours continué comme ça.

Sur les concours que je suis depuis longtemps, j’écoute et j’observe beaucoup les anciens et je prends beaucoup de leur expérience.

Michel dixit mimi, mis à part qu’il n’entend plus bien les cloches et qu’il a les genoux qui ne suivent plus…rire, il reste « le professeur » au-delà du chien c’est un ami. Je souhaite à n’importe qui de rencontrer quelqu’un comme lui qui vous confie ses chiens et vous envoie les présenter sans aucune remarque. Juste pour permettre de mettre le pied à l’étrier.

Pour la première fois, la dernière saison, tu avais un chien qui n’était pas issu de ta « filière Fougère Aigle ». Ton copain Sébastien t’avait confié son chien qui sortait d’une saison à la montagne. Y a-t-il eu des adaptations à faire sur ta méthode ?

Je connaissais déjà Mozart, c’est un chien qui me plaisait et je sentais bien qu’il avait un gros potentiel. Quand Sébastien me l’a remis, j’avais deux méthodes d’entrainement que Sébastien ne connaissait pas et différentes des siennes. Il m’a donné carte blanche.

Je le disais tout à l’heure, je fais la préparation physique sur du long terme. Comme je ne l’ai pas eu assez tôt, le début de saison a été difficile. Avec trois semaines de plus il aurait pu être dans le coup dès le début. Il termine quand même 2ème de la Clochette d’Argent et confirmé tout le talent qu’on lui connait.

Et en 2022 tu es passé professionnel, 6 ans après tes débuts en concours.

Et oui, c’était la suite logique ! La passion du chien de chasse, les compétitions, le gout de l’aventure et des voyages, le passage pro s’est fait tranquillement. Camille et Isabelle Dave m’ont proposé d’apprendre auprès d’eux, c’était une occasion sur laquelle j’ai sauté et qui selon moi ne se refuse pas.

Dans une autre discipline que la bécasse j’apprends beaucoup à leurs côtés. J’ai ainsi pu découvrir le printemps, discipline qui me plait énormément mais au combien complexe.

Il y a énormément de paramètres à maitriser et la moindre erreur est fatale mais j’ai pu observer plusieurs conducteurs et regarder des parcours lors des concours en me disant …ça c’est propre….il faut que j’arrive a les mettre comme ça……autant te dire Hervé qu’il y a encore beaucoup de travail……

La relève est déjà là !