Revue 94, octobre 2016. Interview par Laurence Madiot.

LM : Raconte-nous ton parcours (ton arrivée en field, la naissance de ton élevage, etc…) ?
SF : Résidant et chassant sur la commune de Malville en Loire-Atlantique, j’ai fait la connaissance de Joël MENORET (un grand chasseur) et de Joël KUBIAK (juge de field-trial), les deux Joël m’ont invité à les accompagner pour voir le field sur perdrix de Saint-Emilien-de-Blain au printemps 2003.
C’était mon premier field, je ne connaissais rien et j’ai eu la chance de voir deux excellents chiens de Patrick FRELAND, le tout jeune SMART DU SENTIER DES LUTINS pour son premier concours je crois et l’impressionnante RADENTIS CALI. De voir cette chienne battre la plaine à une telle vitesse et arrêter une triade de perdrix (+1 Bécassine quelques minutes avant !!!) a été le déclic. Elle fera le CACT ce jourlà.
Je décidai donc de contacter Daniel PROVOST à qui j’avais déjà acheté mon premier setter anglais pour la chasse et lui expliquai ce que je recherchai à présent. Il me proposa le choix sur 3 portées « field » et après le visionnage des vidéos des grands champions Italiens (Arno, Sbranco, Borg,…), mon choix se porta sur une petite femelle lemon qui avait la lignée RADENTIS dans son pedigree, c’était une fille du Champion PANGO DU MAS D’EYRAUD et de la Championne RAVENN DE L’ECHO DE LA FORET. Donc en août 2003, UKRAINE 2 DE L’ECHO DE LA FORET arriva à la maison. Ensuite, en 2004 ce fût le TAN + la finale de la Coupe de France des novices puis les premiers fields, le premier titre de Trialer puis de
Championne pour UKRAINE 2 (Merci Lionel et Daniel), etc…
C’est ainsi que je suis arrivé en field et qu’est né mon élevage DES PAYS DE LOIRE, grâce à des rencontres et surtout à UKRAINE 2.
Aujourd’hui cela fait un peu plus de dix ans que j’ai démarré l’aventure et voici le palmarès des chiens qui sont nés à l’élevage ou provenant d’autres élevages, qui sont passés ou sont encore au chenil :
3 Champions de Printemps (UKRAINE 2, CANYON, ELVIS), 2 Championnes Internationale de Travail (AFGHANNE, ERIKA), 1 Championne sur Gibier Sauvage (GOLDIKOVA), 2 Trialer (EUROPE, ITALIE), 1 sélection au Championnat d’Europe Printemps 2007 (UKRAINE 2), 1 Goutte d’Eau solo 2012 (ERIKA), 1 sélection au championnat d’Europe Bécasse 2014 (GOLDIKOVA), 1 Goutte d’Eau couple 2015 (ERIKA).
LM : Pourquoi le Setter Anglais ?
SF : Tout simplement pour le style incomparable et l’efficacité.
LM : On te connait aussi dans d’autres disciplines telles que le Printemps et la Bécasse. Qu’est-ce que la Bécassine à de différent ? Qualités particulières, du chien et du conducteur ?
SF : Je pense que les critères de sélection pour les chiens sont les mêmes qu’au Printemps : style, esprit chasseur, mise en place sur le terrain, toucher d’émanation, sensibilité,… idem pour les conducteurs : qualité d’observation et d’analyse, ténacité, rigueur, physique…
Lors des jugements, il faut tout de même tenir compte de la spécificité de la discipline avec parfois des densités d’oiseaux importantes et des comportements imprévisibles mais il faut être intransigeant sur la sensibilité et l’assurance qu’un point est un point.
LM : Fais-tu une sélection spécifique pour la bécassine ? Qu’est-ce qu’un(e) spécialiste de la bécassine peut apporter à la race ?
SF : Non, pas de sélection spécifique sur la Bécassine mais sur des lignées de Printemps avec des chiens chasseurs classés dans d’autres disciplines : Bécasse, Bécassine, Montagne.
Si les jugements sont rigoureux d’un point de vue sensibilité et qualité des points, un chien spécialiste de la bécassine qui a classé au plus haut niveau et plusieurs fois peut apporter de belles qualités de chasse, de finesse de nez et de toucher d’émanation. Par contre comme toutes les autres disciplines je pense qu’il ne faut pas sélectionner uniquement sur un gibier et un type de biotope. Il est important
de voir un chien brillant en « milieu ouvert » (Printemps, Bécassine) évoluer en « milieu fermé et sale » pour juger le sens du bois, l’esprit de trouveur, l’aspect volontaire, etc… et vice versa.
LM : Penses-tu qu’un chien « spécialisé » bécassine peut briller partout ? Et vice versa ?
SF : C’est très difficile de briller partout, très peu de chiens y arrivent au même niveau dans différentes disciplines.
Pour ce qui est de la bécassine, ce n’est pas évident d’avoir un avis précis étant donné le faible nombre
de nos « chiens de tête » dans d’autres disciplines venant participer à ces épreuves. Si je regarde chez moi, à l’exception d’Italie la petite dernière lancée en compétition qui semble avoir les qualités recherchées dans les deux disciplines, mes meilleurs bécassiers ne sont pas forcément mes meilleurs bécassiniers et vice versa… Mon objectif étant de réussir dans les deux domaines, je ne désespère pas d’arriver à faire naitre des chiens doués sur les deux oiseaux au niveau du CACT de couple.
LM : Peux-tu donner quelques conseils aux jeunes tentés par cette discipline ?
SF : Tout d’abord, il faut avoir une bonne condition physique pour pouvoir sortir plusieurs chiens à suivre car les terrains sont difficiles pour les chiens mais également pour les hommes. (Surtout vrai pour les marais difficiles de Couëron). Pour ma part je cours beaucoup toute l’année.
Il faut également un équipement adapté contre l’humidité et la vase, et ne pas avoir peur de laver à chaque sortie ses chiens, son équipement ainsi que ses caisses de transport.
En ce qui concerne les chiens, il faut leur montrer des oiseaux lorsqu’ils sont jeunes et dès qu’ils commencent à les arrêter, il faut passer à autre chose (perdrix ou bécasses).
Pour mes chiens, lorsque j’ai un doute sur un arrêt, je préfère les pousser à la faute en les relançant au sifflet au risque de faire voler plutôt que conforter un arrêt à tort.
Pour motiver les jeunes ou les moins jeunes à tenter cette discipline, il faut signaler que les terrains sont magnifiques et le gibier sauvage… « ça pue la chasse ! » Et un gros avantage pour un amateur, c’est que l’on peut viser deux Championnats (CH IT et CHGS).

Laurence MADIOT